Rain is coming

"Rain is coming" hurle un gamin.

Nous sommes à Godawas un village a une 60aines de kilomètres de Jodhpur. En dix minutes le ciel se couvre, devient d'un noir terrifiant et puis je sens la première goutte, la deuxième. L'averse arrive. Tous les gamins sont maintenant dehors criant jouant sous la pluie. Les plus agés sont aussi sortis pour profiter de cette pluie donneuse de vie. Le désert a maintenant changé. La végétation est d'un vert plus éclatant. L'aridité si hostile se fait plus douce et l'espace d'un instant tout le monde est heureux.


Alors nous aussi on se jette sous la pluie pour fêter comme il se doit cette ressource si rare. Et puis sourire aux lèvres on pense aux talabs et tankas (réservoirs traditionnels de récupération d'eau) qui vont se remplir et qui vont adoucir la vie à des centaines voir milliers de villageois.

A jodhpur il pleut aussi mais au vu de la pollution et la circulation on a nettement moins envie de se jeter sous la pluie. Les rues sont inondés. Les liaisons internet téléphoniques galèrent, l'électricité subit de nombreuses coupures. C'est comme ca en Inde, quand il pleut rien ne marche !

Désert et condition féminine

Besoin d'écrire sur ces êtres qui habitent, donnent vie et hantent ce désert. Leur condition en tant que femme est loin d'être évidente et elles sont encore bien peu libres de leur droits. Cela ne veut pas dire qu'elles sont battues ou maltraitées, mais le carcan de la société indienne et des traditions rajasthanies (surtout) les enferment dans une certaine soumission et fatalité que seuls des décennies pourront changer. Alors oui, ça évolue, les mentalités changent, oui mais doucement. Il est vrai que mon travail actuel me permet de constater que beaucoup de femmes se prennent en main et sont à la tête des projets notamment en matière d'approvisionnement en eau (soit dit en passant ce sont elles qui s'occupent de la gestion de l'eau donc ce sont les premières concernées) ou de sanitation. Cependant impossible de généraliser cette situation à l'ensemble des femmes du désert et même si on peut y voir un certain optimisme pour le futur, ce serait je pense, un peu tôt d'affirmer que l'émancipation de la femme rurale en Inde est bien activée.


Comme
sur cette photo, la majorité des femmes du désert portent ces énormes bracelets blancs de l'épaule au coude, ainsi que d'énorme et lourds bracelets d'argents au cheville. Ajoutons à cela que la tradition voudrait qu'elles portent également un bijou en argent lourd sur la tête tombant joliment sur le front et un collier de ventre (aujourd'hui de moins en moins de femmes portent ces derniers bijoux). A première vue toutes ces parures sont magnifiques. Mais de plus prés, leurs corps sont marqués par la présence de ces bijoux qui sont douloureux. Lourds, chauds, pesants, pinçants.. Les marques indélébiles laissées par ces parures sur la peau des femmes sont la preuve de la douleur qu'ils provoquent. Ok, à la rigueur passons, traditions au prix de douleurs. Mais, c'est lorsque l'on se penche sur l'origine -d'un point de vue traditionnel- de ces ornements qu'il y a de quoi bondir.

Il semblerait que ces ornements aient été crées pour pouvoir maitriser les pensées et envies des femmes. Je m'explique, les différents bijoux monopolisent le cerveau et la pensée des femmes sur les douleurs qu'ils procurent, ainsi il est difficile de penser à autre chose qu'à ce mal (il semblerait d'ailleurs que le haut du bras, la tête, les chevilles et le ventre soient des points stratégiques d'un point de vue morphologique pour que la pensée se bloque sur ces parties du corps). Mais comme il s'agit de bijoux, ce n'est d'apparence pas déplaisant pour les femmes de les porter, au contraire.

C'est une question à explorer et développer et je efforcerai de rajouter des éléments et des précisions dés que j'en aurais. En tout cas, on peut d'ores et déjà se dire, comment une société a pu en arriver à vouloir maitriser les pensées féminines ? Comment cette idée a t-elle germée dans l'esprit des Hommes ? Et comment peut on expliquer qu'au 21ème siècle, les femmes soient encore victimes de visions archaïques comme celle ci ?

Ici je tiens à préciser un point, je ne dis pas que les femmes sont maltraitées, aliénées etc il faut comprendre que ces ornements sont entrés dans la tradition mais ca ne veut pas dire que la femme est forcément à la merci de son mari, de ses frères ou son père sur tous les points.

Paradoxalement, et c'est là que l'on peut admettre que l'Inde est un pays de contradictions, ou contrastes (as u wish!) les femmes semblent imposer un respect dans certaines situations. Par exemple dans le bus on leur laisse une place assise. J'ai encore beaucoup de mal à y voir clair dans cette situation.
Alors j'étofferai cette article quand j'en saurai plus. Affaire à suivre.

Désert


Le désert. Cela fait maintenant deux journées sur le terrain que je passe dans le désert et mes sentiments découverts il y a deux ans lors de mon périple au sein des Dhani du désert non loin de Jaisalmer ne font que grandir. Comment expliquer cette attirance si forte pour cette aridité qui semble pourtant si froide et peu chaleureuse ?

Le désert. Milieu hostile pourtant habité parde nombreuses personnes. Pourquoi ? Comment ?

Marcher, Sentir le vent sur son visage et son foulard qui manque de s'envoler, puis croiser des hommes, des femmes, s'arrêter, discuter.

Peau foncée, yeux clairs, turban coloré, longue kurta blanche, traits marqués, moustache étoffée, babouches usées et bijoux dorés. Voile coloré parsemé de brillants et strass, fleur rajasthanie dans le nez, ornements dorés sur le front et le chuki sindoor, longue jupe fleurie, massif bracelet d'argent aux chevilles, et jolies petites bagues de pied.

Les hommes et les femmes du désert sont beaux. Je les trouve d'une beauté incomparabale portant sur leur visage une telle dignité et fierté. La beauté est subjective, aussi il m'est difficile de trouver des raisons rationnelles à la beauté que je leur trouve. Mais le fait est, je suis à chaque incursion dans ce désert qui me fascine, subjugée par la beauté de ses hôtes.

Ballades de maisons en maisons, enfants qui rient, cours, jouent, tchai pris ici, curd là-bas, lits en bois, chèvres, vaches, personnes agées, plus jeunes et puis discussions, en Hindi ou Marwari. Je ne peux que capter des mots pour le moment, il m'est difficile de comprendre le sens entier des phrases, mais Parakshit m'aide.

Ici, le temps semble s'arrêter, le rythme de vie change, et s'adapte aux aléas du vent qui déplace les dunes de sable. La vie est dure, mais ici les hommes et les femmes semblent prendre le temps.

Et puis le désert du Thar jouit d'une présence vivante (j'entends, végétations, animaux) incomparable pour une région aride. La nature environnante offre des petits bonheurs, que bien souvent on oublie nous citadins (moi la première en fait). Un paon faisant danser ses plumes vertes bleutées, moultes petits écureuils grimpant sur les maisons par exemple.

Par je ne sais quels moyens, le désert me fait prendre conscience de la beauté de la nature, et de l'humanité.









Le désert.

L'odeur de l'Inde

L'Inde a une odeur. Tantôt plaisante, tantôt dégoutante. Cette odeur définit une atmosphère si particulière à l'Inde. Des bruits, des saveurs, des regards, des odeurs qui se mélangent pour le meilleur et pour le pire.

Et c'est dans le bazar que les mélanges sont les plus présents. La chaleur lourde qui s'échappe des énormes bassines d'huiles bouillantes engloutissant avec crépitement pâtisseries et douceurs , le pan masala émanant de la majorité des bouches humaines repeignant la rue de petites tâches rouges, la fumée de patchouli et les offrandes florales sortant du minuscule temple embaumant la rue entière, les beedies fumées avec délectation au coin d'un shop, le lait frelaté chaud, qui -du tchai shop ambulant- laisse d'échapper une odeur rance teintée d'épices, les défécations bovines éparses sur le sol, le balai des pots d'échappements de rickshaw et scooters en tout genre se frayant un chemin au travers du bazar, les coins de rue rongés par l'urine et puis, et puis tantôt le doux parfum des fruits exotiques, celui plus virulent des épices se mélangeant et donnant un coktail explosif de senteur, ou encore l'agréable odeur de la lessive sur les saris colorés séchant le long des fenêtres.


Ceci n'est qu'un bref échantillon de l'odeur de l'Inde -il serait prétentieux de clamer l'exhaustivité de cette énumération tant les odeurs indiennes sont multiples et complexes-. Ajoutez à cela une pincée (assez grosse tout de même) de nuisances sonores en tout genre (circulation motorisée, vendeurs ambulants, postes de radios hurlant de la pop bollywoodienne par exemple), un (bonne) dose de monde, un zeste de bousculades et de rues étroites et vous y serez pour de bon.

Pas de photos pour illustrer tout ça (volontairement) A votre imagination !

Mais en bonus (Big Up Lou) une musique indienne ultra famous et pas franchement récente ! Enjoy !

http://www.youtube.com/watch?v=e47mnhNpkDs

La Fondation en question

Alors parlons peu mais parlons bien.

Jal Bhagirathi Foundation kezako ?
Une fondation créée dans les années 2000 par le Maharaja Gaj Singh de Jodhpur ayant pour but de développer des projets concernant l'accès à l'eau dans les villages de la région du Marwar (ou Désert du Thar). Les deux points d'honneur de la fondation sont : implication des communautés dans les projets (et pour ce faire, il y a un staff member dans chaque village qui travaille en coopération de long terme et surtout les villageois concernés se doivent de trouver 50% du financement du projet (entre autre) ) et la réadaptation des techniques traditionnelles d'approvisionnement en eau qui s'avèrent particulièrement efficace dans le cadre du changement climatique (on y croit ou non, mais dans le désert du Thar la mousson est bien moins abondante qu'avant).

Voila en gros la philosophie de la fondation. Concrètement les projets sont souvent des tanka (réservoir) des talabs (sorte de lac artificiel) mais aussi il y a un gros projet sur le développement des sanitaires (dans le désert la tradition est de faire ses besoins à l'extérieur open défécation comme ils appellent ça, mais pour faire simple, à grande dose, cela pollue les sols, et donc l'eau du souterrain et donc cela amène des maladies. En plus d'un point de vue intimité (notamment pour les femmes) c'est pas le top).

Dans le coup, je travaille sur ces projets de "sanitation". Je suis en binôme avec Parakshit, un jeune indien thésard rigolo. Ensemble nous allons sur le terrain visiter des villages et des familles et on discute du projet réalisé (quand, comment, pourquoi etc). Après cela nous restons à l'office pour rédiger toutes ces notes en anglais dans le cadre d'étude de cas qui paraitront dans des publications. Lui s'occupe de rédiger en hindi, moi en anglais. Et ce n'est pas une mince affaire.
Je dois même avouer que c'est assez dur, mais au moins je ne me tourne pas les pouces, et j'apprends !

Ma boss c'est Aditi, et la super boss c'est Kanupriya. Les indiens avec qui je bosse sont assez sympa. Même si le choc culturel en matière de travail est parfois perceptible, on avance bien !

L'office se situe a 12bornes de Jodhpur près d'un lac "Kaylana Lake". L'environnement est aride, mais sublime...

Voici en quelques mots, mon environnement de travail pour le moment.








Et tatatam voici le fameux, tant attendu Parakshit :)

Jodhpur et ses chameaux

Aprés quelques jours sur Delhi, c'est à Jodhpur que je me suis retrouvée. Place aux choses sérieuses à présent.

Mais revenons un peu sur ces quelques jours Delhites. Repos, balades dans Lajpat Nagar, découverte de lieux upés de Delhi, et chouettes rencontres, thésards, chercheurs, expats en tout genre. Ce milieu me dégoute autant qu'il me fascine.

Anyway, je me sens bien, je me sens bien à Delhi. Je prends les choses beaucoup plus tranquillement que lors de mes précédents voyages (j'entends la circulation, le bruit, les relous etc). Enfin chouette, ces quelques jours m'ont confirmé une chose : hâte de venir poser mes valises ici.


Après une longue de nuit de train, me voila à Jodhpur. Bien évidemment, ce n'est pas la même ambiance qu'à Delhi. Nous sommes aux portes du désert et ici chameaux, vaches, rajput aux turbans colorés, et femmes aux nombreux bijoux argentée se côtoient.
Le désert du Thar, le Rajasthan, cette région si mystérieuse et riche d'une vieille histoire ponctuée d'invasions et de guerres. A présent, cette région est le berceau de nombreuses cultures et traditions qui se côtoient, se mélangent et s'unissent. Ici les hommes portent la fleur rajasthani aux oreilles et les femmes dans le nez. Je suis bien. Dans mon élément. Cette région me fascine et ma curiosité pour cet endroit ne cessera probablement jamais.

Je me suis trouvée une petite piaule sympa, dans un mignon petit guest house dans la vieille ville. Je commence à aimer mon quartier, les gens commencent à me connaître et je dois avouer que je suis fière de pouvoir dire en hindi aux marchands arnaqueurs sans cesse en train de m'alpaguer comme si j'étais un porte monnaie sur patte : "Mec, je bosse ici pour deux mois, donc c'est pas maintenant que j'achèterai tes merdes". Alors voila je commence à avoir mes petites habitudes, mon petit jus frais le matin avant d'aller bosser. Mon petit rickshaw du matin, le bus du retour, le chemin emprunté dans le bazar, le tchai ici, le pepsi là. C'est en quelque sorte une préparation pour plus tard. Est ce que la routine en Inde est aussi pénible qu'en France ?

Revenons au stage en lui même. Je travaille donc pour deux mois à la Jal Bhagirathi Foundation de Jodhpur, fondée par le Maharadja Gaj Sing. Fondation travaillant sur l'accès à l'eau en zone rurale du désert .

Pour faire court (je détaillerai plus en détails la fondation et son action dans un autre article) je ne sers pas de café non, je travaille vraiment. Précisement en binome avec un indien Parakshit, nous allons sur le terrain dans les villages une a deux fois par semaines et nous rédigeons des sortes de compte rendu de projets all in english and hindi s'il vous plait, autant dire que c'est loin d'être évident pour moi, mais j'ai bon espoir de maitriser la langue écrite anglaise après tout ça.. Et puis concrètement, ok j'en chie, mais c'est tout de même ultra intéressant.

Je m'arrête là, car pas beaucoup de temps. Mais je promets d'écrire plus longuement très bientôt et parler de mon ressenti, l'Inde, Jodhpur, le stage.


En attendant, Shu Bratri (Bonne nuit :) )

nb : en photo : 1. Le fort du Merangharh - 2. Ma piaule - 3. Les p'tits gars (Mukesh et Rajesh) du Juice Shop !

Delhi Here I am

Mercredi 30 juin 2010

Départ prévu à 18h30 Terminal 2F Aeroport Charles de Gaulle. C'est parti pour de nouvelles aventures indiennes.

Arrivée avec finalement une bonne heure de retard. Peu de galère à l'aeroport ce qui est surprenant et super accueil de Mathieu et ses colocs, à Lajpat Nagar 2. Quelques jours de folies m'attendent à Delhi avant de se plonger dans les choses sérieuses... le stage.

See ya Dudes !